Texts
©® / Hunt – The Flow
Précipité d’images, ou précipice de la chasse à la survie.
Les galeries van der Stegen et One shot accueillent « Hunt », le premier volet de l’exposition « The Flow » imaginée et conçue par le duo ©®. L’exposition présente un film d’animation, ainsi que des peintures s’inspirant de celui-ci. En autarcie, retiré de tout contexte environnemental, le duo s’est prêté au jeu du cadavre exquis et s’est ainsi laissé submerger par une vision plus directe du monde. L’invasion fut telle que ce premier volet s’est imposé comme une évidence : « Hunt » – la chasse – ou sens primitif de la survie.
Sous forme de parcours de curiosités, le duo nous invite à traverser un espace dans lequel les images murales inspirées du film répondent à la projection de celui-ci comme un écho contemplatif et statique ; une fois la sphère investie, nous sommes appelés à nous laisser tenter par le visionnage de l’animation dans un cadre plus intime (écran télé et casques), puis par la lecture visuelle et animée d’ouvrages « multiflip ». Aucune couleur. Une forme simple et brute est de mise dans ce retour aux sources de l’existence, qui s’opère par le biais d’images volontairement familières dans une manifestation de l’inconscient collectif.
Ici le film sert de support pour peindre. La technique d’animation numérique est rudimentaire, ce pour rejoindre la peinture comme procédé primaire d’expression. Partir du technologique pour regagner les rives de la poïétique, sans prendre parti pour l’un ou l’autre. Il s’agit de permettre aux deux types de médiums d’entrer en interaction et de confronter les caractéristiques qui leur sont propres.
À travers le rendu filmique du cadavre exquis, les séquences animées s’associent sans réflexion préalable : elles dialoguent et fusionnent telles des matières brutes qui n’ont d’autre choix, d’autre destinée que d’exister ensemble. Où est le libre-arbitre dans cet enchaînement aléatoire – infernal et infini – de séquences ? Celui des auteurs s’efface volontairement au profit d’une exhibition plus directe de la vie dans ce qu’elle a de plus fluide, de plus beau, de plus cruel.
Le duo s’abandonne au déferlement d’images intuitives et tente de suspendre la pensée, de la méduser. Dans le procédé pictural, il fait parler sa sensibilité en élaborant un tracé de formes essentielles. Les auteurs se laissent surprendre par la confrontation de leurs travaux respectifs. L’agencement des peintures offrant une nouvelle lecture, un autre champ des possibles.
Le travail se veut esthétiquement libre et dénué de toute ambition didactique. Le duo se livre ainsi à une prise de recul, un repli vers l’intérieur comme source d’évacuation, d’observation et de conscience. Il cherche à se libérer des représentations convenues et à chasser l’accumulation de matière enregistrée pour tendre vers un absolu dépouillement.
La dualité ne demeure perceptible que par la différence de styles créatifs. Et cette conversation est assumée comme permettant l’amorce d’une histoire sans fin. C’est ainsi que « The Flow » aspire à conceptualiser l’idée d’une fluidité extratemporelle sans fin ni finalité, sauf peut-être celle, en ce qui concerne le duo ©®, de ne jamais cesser d’exprimer.
Dide Riviera / Fluye un Rio
Galerie Mycroft – Galerie de nos travaux – Douce confrontation de rencontres.
Les artistes y ont carte blanche, dans le champ libre d’un espace d’exposition si familier : un chez soi pour tout un chacun. Le maître des lieux s’affranchit aisément et modestement des contraintes conventionnelles de galeriste : les artistes sont invités à investir un terrain d’expérimentation, guidés par l’élan de leur création. Une idée plane, telle un mot de non-ordre : s’abandonner aux défis d’un temps, celui de l’exposition ; se plier au seul jeu de l’art ; et véhiculer les pensées liées au thème de l’exposition sans en imposer un point de vue, laissant ainsi toute autre réflexion s’y greffer naturellement…Ludovic Duprez / Stone Iceland
Stony Icelandic landscapes, depicted through watercolor drawings, sculptures, photographs as well as films: Ludovic Duprez gives us an insightful report on his bicycle trip, a three week progressive immersion into raw nature during the month of August 2016, across the desert of Iceland. This initiatory journey was perceived by the artist as an attempt to stray from logical obsessive systems and civilized individualism, and hence restore a balance within himself. The information and documentation Duprez gleaned from his trip led to a contemplative reading of the world tinged with wondering emotions. The resulting works are the tracks of this drastic experience, which the artist wishes to share with the visitor. Yet it isn’t about his understanding of the environment, nor about his personal thoughts and mental set attitude, but rather an aesthetic transposition of his own discovery stimulating our metaphysical concerns. How should we feel about ourselves when the world is being shown to us in its supposedly primal geological state? To which extent does this confrontation to concreteness influence our positioning and role in today’s civilization? Where and how should we move forward in our respective lives?